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     Le journal l'Humanité vient de révéler que l'actuelle  ministre du travail, Muriel Pénicaud, alors qu'elle était Directrice générale des Ressources Humaines du groupe Danone, aurait gagné 1,13 millions d'euros en ayant vendu ses stocks options.

    En 2013, Danone avait mis en place un plan social consistant à dégager 900 cadres dans 26 pays, dont 230 en France. La "réaction des marchés" à l'annonce de cette bonne nouvelle pour les actionnaires ne s'est pas faite attendre, le cours de l'action  avait subitement flambé...

    La DRH Pénicaud avait un petit magot de stock options en actions attribuées le 23 avril 2009, au moment où le cours de l'action était bas (34,85 euros l'unité) avec un délai de garde de 4 années. C'est après le renchérissement du cours, constaté après l'annonce du plan social, qu'elle a fait valoir son option d'achat à 34,85 euros l'unité pour revendre le même jour alors que le cours de l'action était à 58,41 euros…

    Faites les comptes à Pénicaud :

    Les bonnes combines : Comment rafler en une seule journée l'équivalent de 80 années payées au SMIC ?Pénicaud exerce son option d'achat pour  55 120 actions à 34,85 euros l'unité, soit pour une valeur totale de 1 920 932 euros. Pénicaud revend, le même jour, 52 220 de ces actions au cours de 58,41 euros l'unité, et conserve 2900 actions. Une opération très juteuse pour la drh Pénicaud : quelques clics de souris sur un écran, et pas moins de 1 129 034,54 euros qui tombent dans sa poche…

    Ajoutons que Pénicaud aura aussi bénéficié du régime fiscal très favorable qui été accordé aux attributions de stock options antérieures au 28/09/2012.

    Et aujourd'hui c'est cette même Pénicaud, devenue ministre du travail de Macron, qui fait la leçon et ne cesse de répéter que faciliter les licenciements et flexibiliser le marché du travail bénéficiera finalement aux salariés, que c'est pour leur bien, et rien d'autre, que tout ceci est envisagé à marche forcée...

    En réalité Pénicaud est préposée pour renvoyer l'ascenseur aux patrons, lesquels s'impatientent et exigent toujours plus de profitabilité…

    Dans le cas d'espèce, force est de constater que Pénicaud aura été l'heureuse bénéficiaire, avec le cercle très restreint des actionnaires de Danone, du nettoyage des cadres de cette entreprise…

    Les inconditionnels de Macron (de moins en moins nombreux...) vous diront que tout ceci est parfaitement légal, mais qu'en est-il sur le plan moral et éthique ? C'est peut être moins sûr...

    Pénicaud était déjà plombée par les révélations sur les conditions du montage du pince-fesse patronal voulu par Macron à Las Végas début 2016, monté dans la précipitation et sans aucune mise en concurrence, lequel avait coûté pas moins de 380.000 euros au contribuable et rapporté sans doute beaucoup plus au futur candidat Macron pour financer ses futurs frais de campagne...

    Cette nouvelle affaire vient alourdir un peu plus le dossier Pénicaud. Elle illustre aussi la face cachée de certains membres de la société civile, dotés d'un sens aigu de l'optimisation de leurs intérêts personnels et privés, qui ont été choisis pour assurer la conduite des affaires publiques…

    Les bonnes combines : Comment rafler en une seule journée l'équivalent de 80 années payées au SMIC ?

    DERNIERE MINUTE

    La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) vient de publier la déclaration d'intérêt de Pénicaud indiquant le niveau exact de ses rémunérations et leurs origines multiples et variées.

    Attention, avant de consulter la chose et pour assurer votre sécurité installez vous dans un fauteuil afin d'éviter de tomber à la renverse...

    http://www.hatvp.fr/fiche-nominative/?declarant=penicaud-muriel

    http://www.20minutes.fr/politique/2110731-20170728-chez-danone-muriel-penicaud-gagne-474-millions-euros-trois-ans

    Voilà qui illustre parfaitement le niveau de rémunération stratosphérique qui a été servi à certains membres de la société civile, dont Pénicaud, qui sont désormais aux manettes des affaires publiques.

    Et ces gens, qui se gavent, il n'y a pas d'autres mots, font de la priorité du moment la suppression de l'ISF et le rabotage de l'APL...C'est proprement hallucinant !

    Vous noterez que parmi les revenus de Pénicaud figurent quelques recettes de poche accessoires, du moins par rapport aux rémunérations principales ( 5 251 951 € sur la période 2012-2014, soit une moyenne de 1 750 650 € par année !!!).

    Il s'agit de la rémunération de jetons de présence de Pénicaud au conseil d'administration d'Orange. Sa présence quelques heures par an est assez cher payée  : 39 000 € en 2012, 58 000 € en 2013 et 30 739 € en 2014...Soit des niveaux de rémunération qui feraient envie à quantité de fonctionnaires dont la rémunération pour un emploi à temps complet est bien en deçà.

    Ces conseils d'administration sont les cercles restreints de rencontre et d'échange des dirigeants des boites du CAC40, ils ont notamment pour objet de voter le niveau de rémunération des dirigeants principaux. C'est ainsi le lieu où s'exprime par le vote des rémunérations la solidarité de tout ce petit monde. Ces échanges croisés de bons procédés justifient bien une indemnisation confortable de quelques heures de présence...

    Eux n'ont pas besoin de syndicats pour défendre leurs intérêts.... 

    Ce sont aussi ces gens qui organisent, en ce moment même, en court-circuitant le parlement, le dé-tricotage des droits sociaux les plus fondamentaux des 18 millions de salariés français, qui désignent les fonctionnaires comme des privilégiés, qui introduisent la précarité et la mise en concurrence des salariés entre eux...

    Ce sont eux qui stigmatisent la dépense publique, qui décident notamment de la réguler par le gel des rémunérations dans la fonction publique ou bien encore le rabotage de l'APL tout en s’exonérant eux-mêmes de l'impôt. Et ce alors même qu'ils se gavent avec une indécence qui dépasse l'entendement...


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    Les agents publics au cœur des annonces d’austérité

    Décidément en ce début d’été, les fonctionnaires sont dans le collimateur du chef de l’État et du gouvernement. Le 17 juillet lors d’une Conférence des territoires réunie au Sénat, l’exécutif annonçant aux collectivités qu’elles devront –entre autres- consentir à réduire leurs dépenses de treize milliards d’euros en cinq ans, a proposé des mesures visant directement les agents territoriaux et plus largement le statut général de la fonction publique. Les fonctionnaires FO confirment qu’ils mettront « tout en œuvre pour faire échouer ses attaques sans précédent ».

     

    La Conférence des territoires organisée au Sénat s’est tenue sur une journée. Mais celle-ci fut longue et dense. Et pour cause. Le Président de la République et le Premier ministre ont empilé annonces et propositions à destination des collectivités locales et de leurs personnels. Christian Grolier pour les fonctionnaires FO (UIAFP-FO) a assisté à cette conférence placée à l’évidence par l’exécutif sous le signe d’une mise au régime sec de l’échelon territorial.

    Le chef de l’État, M. Emmanuel Macron, a ainsi annoncé aux collectivités une réduction de treize milliards d’euros en cinq ans de leurs dépenses publiques. Initialement, ces collectivités étaient priées de réaliser une économie de dix milliards. Elles devront donc faire un effort supplémentaire de trois milliards.

    Ces treize milliards constitueront leur part dans l’effort général d’économies sur les dépenses publiques (État, collectivités territoriales, sécurité sociale) qui devra être réalisé ces cinq prochaines années. L’objectif, assène régulièrement l’exécutif depuis le mois de mai, est de ramener le déficit public sous le seuil des 3% de PIB comme requis dans le cadre des engagements européens.

    Se voulant rassurant, le chef de l’État indique que l’effort des collectivités ne se réalisera pas sur le mode de la force. L’exécutif propose un « Pacte financier » ou encore un «Pacte girondin» aux collectivités. Concrètement elles devront adhérer d’elles-mêmes aux efforts demandés.

    Pour celles qui mettront en pratique ce consentement à l’effort, cet effort se réalisera en toute liberté. Les collectivités pourront par exemple réaliser des fusions. Des communes pourront fusionner entre elles de même que des départements. Les régions quant à elles pourraient bénéficier de nouvelles compétences transmises par l’État. Cela « pourra s’accompagner d’un transfert du pouvoir d’adaptation des normes juridiques aux réalités locales » précise le Président de la République. Il pourrait donc y avoir des règles différenciées selon les territoires ?

    Dans ce vent de liberté affichée, l’État annonce encore qu’il compte faire sauter un «verrou» en autorisant les collectivités à lancer des expérimentations locales qui ne nécessiteront pas –comme la loi l’impose actuellement- de généraliser ces expérimentations sur tout le territoire au bout de deux ans.

     

    L’assentiment contraint.

     

    Soufflant le chaud et le froid, le chef de l’État et son Premier ministre accompagnent leurs suggestions d’annonces pour le moins brutales. Si les collectivités ne traduisent pas concrètement leur assentiment à la réalisation d’économies de dépenses, le couperet tombera. Une diminution des dotations fera office de lame affutée.

    L’exécutif annonce aussi d’autres mesures radicales pour les collectivités territoriales notamment au plan des finances locales. Alors qu’une conférence sur les territoires devrait se tenir tous les six mois, l’exécutif souhaite la mise en place d’une commission de travail afin de lancer « une refonte de la fiscalité locale ». Le chef de l’État souhaite notamment que la taxe d’habitation dont les recettes bénéficient au bloc communal (23 milliards en 2016) disparaisse… Selon un calendrier encore très flou.

    La semaine dernière en effet il était encore question d’un plan (sur trois ans) menant à une exonération de la taxe d’habitation pour 80% des foyers fiscaux assujettis. Resterait 20% de foyers concernés par la taxe d’habitation. Ce ne serait donc « pas un bon impôt » a indiqué M. Macron lors de la Conférence des territoires en évoquant sa possible compensation par « une part de CSG ou de CRDS ».

     

    Une perte de 70 000 postes

     

    De nombreux élus territoriaux ont fait part de leurs craintes concernant l’évolution des finances locales. Ils redoutent d’une part que le niveau des économies demandées (13 milliards d’euros) ne les amène à renoncer à certains investissements, voire à fermer des services aux usagers indiquait Philippe Laurent, maire de Sceaux (Hauts de Seine) et Président du Conseil supérieur de la Fonction publique territoriale.

    Les élus craignent aussi que la suppression partielle ou totale de la taxe d’habitation ne soit pas compensée intégralement et qu’elle conduise parallèlement à la perte de l’autonomie fiscale des collectivités.

    S’adressant à tous les échelons territoriaux, l’exécutif a avancé ses solutions -hors réformes structurelles (fusions, expérimentations…)- pour réduire les dépenses des collectivités. Les fonctionnaires sont au cœur de ce dispositif.

    Ainsi 70 000 postes de fonctionnaires territoriaux devraient être supprimés en cinq ans. Comme le suggérait le récent audit de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques, le chef de l’État propose par ailleurs -et entre autres- de différencier la valeur du point d’indice (base de calcul des salaires pour les trois versants de la fonction publique) selon les branches de la fonction publique.

     

    « La valeur du point d’indice est la colonne vertébrale

    du statut »

     

    Pour M. Macron « il n’est pas normal, lorsqu’on cherche à augmenter par exemple le point de la fonction publique hospitalière, que toutes les fonctions publiques soient entrainées dans le même mouvement. Nous devons avoir une gestion différenciée des fonctions publiques parce que leur réalité est différente, parce que les contraintes de gestion qu’on fait ensuite peser de manière mécanique sur les collectivités locales sont peu soutenables ».

    Pour les fonctionnaires FO, l’annonce des suppressions d’emplois ne passe pas. Christian Grolier pour l’UIAFP-FO souligne que la « libre administration des collectivités ne permet pas que l’on leur impose des suppressions d’emplois »…

    Différencier le point selon les branches de la fonction publique ne recueille pas plus l’assentiment de FO : « La valeur du point d’indice est la colonne vertébrale du statut du fonctionnaire » rappelle Christian Grolier, indiquant que les « agents FO sont bien sûr totalement opposés » à cette différenciation du point. Par ailleurs relève-t-il « cette proposition est une aberration sachant que le gouvernement a annoncé le gel du point pour 2018 ! De plus cette différentiation est totalement inadaptée si l’on se réfère à la volonté des récents gouvernements de prôner une plus grande mobilité des personnels dans la fonction publique. Si, dans une des branches, le niveau du point d’indice est inférieur à celui en vigueur dans les autres, cela sera peu attractif pour les agents. »

     

    Quid de l’égalité républicaine ?

     

    Plus largement, pour les fonctionnaires FO, les annonces et propositions faites au cours de cette conférence portent en elles des implications dangereuses. Ainsi indique Christian Grolier, à travers l’objectif annoncé d’une baisse drastique des dépenses des collectivités et l’annonce de la suppression de la recette fiscale taxe d’habitation « on est conduit à penser que ce pacte est anti-démocratique. L’État voudrait-il déshabiller totalement les collectivités ? »

    Par ailleurs, alors que le gouvernement prévoit une hausse du taux de la CSG et qu’une partie des recettes de cet impôt national pourrait revenir aux collectivités ne disposant plus des recettes de la taxe d’habitation, les fonctionnaires –auxquels s’appliquera aussi la hausse de la CSG- se demandent s’ils recevront eux une compensation à la hausse du taux de CSG... « Y aura t-il une augmentation du point d’indice ? Des régimes indemnitaires ? » interroge avec malice Christian Grolier.

    Enfin souligne-t-il plus largement, les possibles mises en œuvre d’initiatives locales permettant de déroger aux règles nationales font craindre une dérive en matière républicaine. « Va-t-on rester le pays de l’égalité des droits ? » interroge encore le secrétaire général de l’UIAFP-FO.